Ce 8 septembre aura marqué une date importante. Dans l’histoire de la gauche autant que dans celle de la coalition à laquelle nous participions jusqu’alors… Le Parti communiste français et Gauche unitaire ont en effet officialisé le processus qui les amène à se regrouper aujourd’hui au sein du PCF.

Une page est ainsi tournée, celle qui avait vu Gauche unitaire, en 2009, se constituer en parti à partir du courant unitaire du Nouveau Parti anticapitaliste, regrouper très vite des hommes et des femmes issus de diverses traditions, et devenir cofondatrice du Front de gauche. Les évolutions de la situation française, les immenses périls qui pèsent sur la gauche et le monde du travail, la situation pour le moins difficile du Front de gauche (sur laquelle j’ai eu maintes occasions de m’exprimer ici) ont amené les militantes et militants de GU, lors du III° Congrès de l’organisation, en juin dernier, à considérer que l’heure était au regroupement, et non plus à la dispersion, à l’éparpillement, à l’entretien de différences n’ayant guère de sens en regard des enjeux décisifs du moment politique présent.

Les convergences entre nos camarades communistes et nous-mêmes n’ayant cessé de se confirmer au fil des années, c’est donc un choix de responsabilité qu’a fait Gauche unitaire. Sur les réseaux sociaux, un journaliste a constaté que cette décision contrastait avec les fragmentations, polémiques brumeuses, claquages de portes obscures, rivalités d’égos ou scission qui rythment la vie du camp progressiste et contribuent surtout à démoraliser celles et ceux qui attendraient plutôt des perspectives d’espoir. Il a parfaitement raison ! Ce jeudi 10 septembre, à l’issue du conseil national du PCF, appelé à se prononcer à son tour, Pierre Laurent et moi-même présenteront à la presse l’aboutissement du processus de rapprochement engagé ces derniers mois. J’aurai ensuite l’occasion de revenir ici sur ce qui m’a motivé, avec mes camarades, dans la volonté d’écrire une nouvelle page du combat pour que la gauche redevienne la gauche. Je reproduis déjà, ci-dessous, la déclaration conjointe de nos deux partis.

« Nos deux organisations ont en commun de puiser au meilleur de la pensée humaine, de l’apport des Lumières, des idéaux mis en avant par la Révolution française, de l’action de Jaurès en faveur de la République sociale. Elles se revendiquent, face à un capitalisme dont la cupidité n’a cessé de grandir, de l’apport irremplaçable de Marx, qui avait choisi le mot de communisme pour désigner le mouvement même d’abolition de l’ordre existant. Si l’histoire tourmentée du XX° siècle a profondément meurtri, et même dévoyé, cette belle promesse de « mise en commun » s’opposant à la concurrence de tous contre tous, il s’agit à présent de la réhabiliter afin de rouvrir enfin à l’humanité un horizon d’espérance. Par-delà leurs histoires propres, leurs traditions politiques respectives, la manière dont ils ont pu appréhender le passé, le Parti communiste français et Gauche unitaire ont pu vérifier, à la chaleur du travail réalisé conjointement, qu’ils se retrouvaient dans une commune volonté de reconstruire une perspective crédible et ambitieuse de transformation sociale.

« Cela fait ainsi de nombreuses années que nos deux formations constatent leur convergence de vues. Elles portent une identique appréciation sur les menaces que font peser les politiques libérales sur l’avenir de la planète et sur la paix, sur les droits sociaux et conquêtes populaires, sur les politiques publiques garantes de la cohésion de notre société, sur les fondements mêmes de la République en France, sur les équilibres écologiques. Elles s’opposent de même aux orientations mises en œuvre par François Hollande et Manuel Valls qui, loin de rompre avec l’orthodoxie austéritaire et le pouvoir de la finance, s’efforcent de satisfaire les désidératas du grand patronat, tournant le dos à la majorité populaire qui avait rendu possible la victoire remportée sur Nicolas Sarkozy en 2012.

Elles mesurent également le risque que la situation de très grave crise sociale et politique que connaît notre pays ne profite à une droite dure et revancharde, avide d’en finir avec tout ce qu’il subsiste du programme du Conseil national de la Résistance. Elles s’inquiètent tout particulièrement de constater que le découragement et l’écœurement qui s’emparent de larges secteurs de la population font aujourd’hui le lit du Front national, de ses idées de haine et de son programme de discriminations.

Elles réaffirment, dans cette situation de grands périls, la nécessité de faire grandir l’exigence d’une autre politique, pour rassembler de nouveau la gauche sur un nouveau projet social et démocratique, et lui permettre de retrouver le chemin du peuple. Elles agissent dans ce cadre pour que le Front de gauche soit un instrument au service d’un tel rassemblement de la gauche sur la base d’un changement complet de cap, qu’il soit à même d’agir efficacement pour une nouvelle majorité de gauche et un gouvernement qui répondent aux attentes de nos concitoyens. Elles se retrouvent, s’agissant des prochaines élections régionales, autour de la nécessité de favoriser les rassemblements les plus larges, aux premiers et seconds tours, à partir de propositions audacieuses récusant la logique de l’austérité nationale, condition pour battre la droite et l’extrême droite, garder à gauche le plus grand nombre de Régions, aboutir à de nouveaux contrats majoritaires à la tête de celles-ci.

« À partir de ces constats, au vu de l’ampleur des défis qu’il s’agit désormais de relever, et en fonction de l’appréciation portée sur ses six années d’action au sein du Front de gauche dont elle est l’une des trois composantes fondatrices, le III° Congrès de Gauche unitaire, fin juin 2015, a considéré que l’heure n’était plus à l’émiettement et à l’éparpillement des forces travaillant à ouvrir une nouvelle perspective pour la gauche. Elle a donc décidé de regrouper ses forces avec celles du Parti communiste français au sein de ce dernier. À la suite des discussions positives ayant eu lieu tout l’été avec la direction du PCF et des échanges, tout aussi positifs, entre militants des deux formations, cette décision a été définitivement ratifiée les 5 et 6 septembre par les délégués des sections de Gauche unitaire, réunis à Paris.

« Le regroupement sera effectif après qu’à son tour la réunion du conseil national du PCF, qui se tiendra le jeudi 10 septembre, en soit saisie.

« Pierre Laurent et Christian Picquet présenteront le même jour à la presse, à 13h, le sens de ce regroupement.

« À la fête de L’Humanité, l’aboutissement de ce processus sera présenté aux participants, à l’occasion d’une rencontre publique qui se tiendra sur le stand du conseil national du PCF, le samedi 12 septembre à 12h.

« Dès la semaine qui suivra la fête de L’Humanité notre rassemblement sera alors totalement effectif au niveau des sections et fédérations concernées, ainsi qu’au conseil national et au comité exécutif national du PCF. »

No I am not going to translate this heavy bloc of left-wing prose, apart from anything else most of the words are the same in English.